Unica Zürn

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Unica Zürn

(Berlin, 1916 – Paris, 1970)

Dessinatrice, peintre, écrivain…. Les disciplines d’Unica Zürn sont multiples et témoignent de l’étendue de son talent. Son parcours artistique est particulièrement prolifique entre 1950 et 1970. Elle laisse ainsi derrière elle une œuvre considérable en nombre, en diversité et en qualité. Souvent étudiée sous le prisme d’une vie tragique et d’une relation fantasmée avec Hans Bellmer, l’artiste se distingue avant tout par son style et ses compositions exceptionnelles.

Unica Zürn est internée à Sainte-Anne entre 1961 et 1963. Cette période d’hospitalisation est alors très féconde, notamment grâce à l’aide d’Hans Bellmer et de Henri Michaux qui lui apportent régulièrement du matériel pour dessiner, dont des carnets à spirales qui jalonnent les réalisations de l’artiste. Ces carnets, aujourd’hui démantelés et éparpillés, sont le témoin d’une production incessante lors de son séjour. Ils recueillent de nombreux dessins aux encres très diverses, mais aussi des anagrammes, autre travail de prédilection d’Unica Zürn qui fait le lien entre ses travaux artistiques et son parcours d’écrivain. La réalisation de quelques grandes gouaches témoigne également de sa participation aux ateliers thérapeutiques et occupationnels de Sainte-Anne.

L’œuvre de cette femme reflète avant tout une véritable uniformité stylistique. L’utilisation d’une ligne infinie qui serpente souvent en arabesque, qui s’étire et s’enroule parfois sur des motifs d’une précision minimaliste, est une signature repérable chez elle. Ses œuvres font souvent preuve d’une densité qui invite le spectateur à observer sa production pendant de longs moments en découvrant ci et là de nombreux détails qui se dévoilent au fur et à mesure.

La technicité d’Unica Zürn est incontestable. S’essayant à des matériaux divers, à des formats de toutes tailles et à des sujets variés, elle semble être dans une recherche esthétique permanente. Travail à l’encre, étude du rehaut par la gouache et le crayon de couleur, recherche du flottement avec l’aquarelle, initiation à la peinture à l’huile avec Hans Bellmer, collages et fabrications de cartes postales entièrement inventées… toutes ces techniques témoignent d’une imagination foisonnante et d’une détermination sans faille dans la recherche esthétique.

Souvent rattachée au mouvement surréaliste, Unica Zürn a effectivement côtoyé quelques cercles parisiens qui auraient pu laisser penser que son œuvre pouvait s’y inscrire pleinement. Cependant, une étude précise de ses productions témoigne bien d’une fausse impression de spontanéité, éloignée de la notion d’automatisme théorisée par André Breton. Le geste très précis d’Unica Zürn est réfléchi et construit : il laisse émerger un imaginaire foisonnant et mystérieux, où certains thèmes reviennent de manière récurrente. Le travail autour de l’étrange et du monstre est par exemple remarquable : à l’instar de ce poisson fantastique représenté ci-contre, la thématique du bestiaire jalonne quelques réalisations d’Unica Zürn. S’y ajoutent aussi la recherche autour de la figure humaine, quelque fois hybride, ou l’émergence de paysages citadins imaginaires qui montrent là encore les multiples possibilités d’Unica Zürn.

La Collection Sainte-Anne abrite aujourd’hui cinq de ses œuvres ;  un nombre restreint quant à sa production que l’on sait foisonnante lors de son passage dans cet hôpital. Le parcours tumultueux de ces œuvres fait qu’elles sont aujourd’hui dispersées à travers le monde. Un certain nombre d’entre elles ont cependant pu être regroupées lors d’une exposition exceptionnelle dédiée à Unica Zürn au MAHHSA, entre janvier et juin 2020.

Expositions :

De Sainte-Anne et d’Ailleurs, collection ancienne du Centre d’Étude de l’Expression, Galerie Saint-Germain, Paris, Université René Descartes Paris V – 27 juin au 11 juillet 2000.

Portraits – de 1905 à nos jours, Centre hospitalier Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, Paris, du 21 septembre au 6 octobre 2002

La clé des champs, Galerie Nationale du Jeu de Paume, Paris, du 9 juillet au 28 septembre 2003.

Rouge – œuvres de la collection ancienne du C.E.E., Centre hospitalier Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, Paris, du 17 septembre au 10 octobre 2004

Unica Zürn, Halle Saint-Pierre, Paris, du 25 septembre au 4 mars 2007.

Les Bêtes, Centre hospitalier Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, Paris, 20 septembre au 30 novembre 2014

Unica Zürn, Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, Paris, 31 janvier – 31 juin 2020

Unica Zürn
Sans titre
9 novembre 1961
Hôpital Sainte-Anne, Paris
Encre sur papier
50 x 67 cm
Inv. n°0273
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne
© CEE-MAHHSA Dominique Baliko

Unica Zürn
Sans titre
27 septembre 1962
Hôpital Sainte-Anne, Paris
Gouache sur papier
67 x 50 cm
Inv. n°0790
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne
© CEE-MAHHSA Dominique Baliko