René Héroult (1913-?)
René Héroult, dessinateur industriel de profession et originaire des Pennes-Mirabeau dans le sud de la France, a été transféré de l’hôpital psychiatrique autonome d’Aix-en-Provence vers l’hôpital Sainte-Anne en 1943. Il resta six années dans le service du docteur Bessière, avant d’être transféré à Auxerre en 1949 pour des raisons inconnues. L’art et la peinture en particulier sont des centres d’intérêts éminents chez l’artiste. Inscrit à un atelier de peinture de la Rive Gauche, René Héroult était intéressé par l’art de Pablo Picasso et de Fernand Léger, malgré sa faible connaissance en art moderne. Il se rendait fréquemment au musée du Louvre et suivait des cycles de conférences, notamment par le biais de l’Union Rationaliste à laquelle il était inscrit.
Les trente-trois œuvres de l’artiste qui composent le corpus de la Collection Sainte-Anne sont réalisées entre 1943 et 1949. Il s’agit de gouaches, souvent accompagnées de notes manuscrites à la mine de plomb ou peintes. Ces inscriptions sont des commentaires dans la composition ou encore l’insertion du titre de l’œuvre, généralement situé dans la partie inférieure de la peinture. Les motifs iconographiques récurrents sont la nature morte, la scène de genre, la représentation humaine, le paysage et l’architecture, ou encore les compositions décoratives. Six d’entre elles ont pour sujet la représentation de l’hôpital comme lieu de vie. René Héroult propose des vues de l’hôpital Sainte-Anne et des alentours, formant un témoignage historique et plastique de Sainte-Anne.
« J’ai voulu me représenter avec des cheveux blonds. […] Mes yeux sont peints en vert pour montrer qu’ils ne sont ni bruns, ni noir. Les autres couleurs qui les composaient pour en donner la peinture exacte, je les ai fixées sur les cheveux. Je me suis amusé à styliser [1]. »
Coloriste affirmé, René Héroult s’exerce dans des compositions vives, proches des gammes chromatiques des artistes modernes, notamment d’Henri Matisse (1869-1954) par son utilisation fréquente et mesurée du pigment rouge. Les œuvres de René Héroult ont été, dès leur réception au milieu du XXe siècle, considérées comme des œuvres à part, n’intéressant pas les psychiatres de l’époque comme objet d’étude étant donné leur technique aboutie. En somme, ce qui faisait le désintérêt de l’art de René Héroult est aujourd’hui ce qui représente sa singularité au sein de la Collection Sainte-Anne.
[1] Propos recueillis par Robert Volmat dans L’art psychopathologique de 1956.
